Il faut aussi des valeurs intérieures pour un monde durable

Comment réussir à transformer nos sociétés de manière à ce qu'un avenir durable soit possible ? Et quel est le rôle des hautes écoles dans ce contexte ? Ces questions ont occupé les participants à la quatrième Journée de la durabilité organisée conjointement par les hautes écoles bernoises le 3 novembre. Il est apparu clairement que le changement nécessaire nécessite des valeurs et des visions communes.

Face aux crises et aux guerres, des thèmes comme la durabilité et la protection du climat doivent « presque se battre à nouveau pour rester en tête de l'agenda », a constaté la conseillère d'Etat bernoise Christine Häsler en ouverture de la Journée de la durabilité des hautes écoles bernoises. Les événements accablants ont beaucoup préoccupé les gens. « Il est d'autant plus précieux que les hautes écoles bernoises restent dans le coup en matière de durabilité et contribuent à faire avancer la société sur ce thème complexe et exigeant ».

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« Stratégie contre la résignation »

La discussion sur les valeurs et les visions communes pour un avenir durable est motivante et constitue une stratégie contre la résignation. « Cela montre qu'il est possible de continuer à travailler ensemble sur le thème de la durabilité, de connaître des histoires de réussite, de transmettre des connaissances - et d'aider notamment les jeunes à aborder ces thèmes ».

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Tomas Björkman, cofondateur du mouvement « Inner Development Goals » (IDGs), membre du Club de Rome et auteur d'un livre, a également souligné l'importance de travailler ensemble sur des valeurs et des visions pour un monde durable. Ce n'est pas la première fois que l'humanité se trouve à un tournant de son histoire, où les paradigmes connus ont atteint leurs limites. La dernière fois que cela s'est produit, c'était au début de l'ère moderne. « Aujourd'hui, la modernité est l'ancien paradigme et nous sommes au point où les choses peuvent aller dans deux directions : soit l'effondrement, soit la percée vers quelque chose de nouveau ». La différence avec les carrefours précédents est la suivante : « Aujourd'hui, ce n'est pas seulement une région du monde qui est concernée, mais le monde entier ». Il s'agit donc de relever des défis bien plus complexes et existentiels.

The nordic secret

Mais comment faire ? Björkman situe un levier central dans les « capacités et valeurs intrinsèques » des personnes et des sociétés. Elles sont une condition importante, mais pas la seule, pour une transformation sociale. Pour créer un avenir durable individuellement et collectivement, elles doivent être acquises et approfondies dans le cadre d'un développement personnel tout au long de la vie. « Cela ne peut pas être enseigné dans des situations scolaires normales. Nous devons plutôt utiliser pour cela des outils d'apprentissage transformationnel ».

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Il a expliqué comment cela pouvait fonctionner à l'aide de l'exemple qu'il a décrit en tant que coauteur du livre « The nordic secret » : Vers la fin du 19e siècle, les pays scandinaves ont développé un modèle d'éducation qui leur a permis de passer pacifiquement du statut de sociétés agricoles féodales pauvres et amères à celui de démocraties prospères jouissant d'une grande liberté et d'une économie stable. Le « secret » : des centres de formation ont été créés, qui mettent l'accent sur le développement psychologique personnel - la formation d'une « boussole intérieure ». « Les jeunes participants ont ainsi acquis des connaissances systémiques tout en étant capables de devenir des acteurs conscients du changement vers un avenir souhaité ». Selon Björkman, cette étude de cas n'est certes pas un modèle pour la situation actuelle. Mais il montre qu'il est possible de réaliser un changement social.

Réfléchir en jouant

Les nombreux stands de projets et ateliers des hautes écoles bernoises ont également donné des impulsions pour un monde durable. Ils ont abordé de manière impressionnante la question de savoir comment les changements se produisent, ce qui influence nos habitudes et comment des visions durables peuvent voir le jour. Ils ont utilisé des jeux, du matériel scolaire clair, l'aménagement de l'espace, la numérisation et les innovations technologiques - un feu d'artifice d'esprit d'innovation.

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Le rôle de la science remis en question de manière critique

Jeannette Behringer, politologue, éthicienne et responsable du développement durable à l'université de Zurich, ainsi qu'Alexandra Gavilano, scientifique de l'environnement et militante pour la justice climatique, ont clôturé la journée sur une note de réflexion. Lors de la table ronde sur le développement durable intitulée « Valeurs et visions entre théorie et pratique », elles se sont accordées à dire que la science réfléchit de plus en plus à son rôle et à ce qu'elle peut et doit apporter à un changement social durable. Mais dans l'ensemble, la réflexion autocritique nécessaire n'est pas encore assez avancée.

Selon Jeannette Behringer, cela est surtout dû aux structures scientifiques « qui ne récompensent pas assez le travail avec et dans la société ». La science universitaire, en particulier, devrait se confronter davantage à d'autres acteures, reconnaître leur savoir et collaborer avec eux.

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A la question « Dans quelle mesure la science doit-elle et peut-elle être activiste ? », Alexandra Gavilano a appelé la science à avoir le courage d'être moins neutre et de s'engager plus clairement en faveur de la transformation nécessaire. « De mon point de vue, cela ne signifie pas se coller à la rue, mais donner aux masses les moyens de dire stop et d'exiger un changement de direction ».

Jeannette Behringer a rétorqué que la science devait certes contribuer activement au changement social nécessaire. Mais : « Elle ne peut pas déterminer seule les changements qu'elle veut décider. Cela doit se faire dans le cadre de processus politiques contraignants ».

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Ouvrir de nouvelles perspectives

Les réactions des participants ont montré que laJournée de la durabilité a fourni de la matière pour d'autres débats. Un étudiant a par exemple déclaré : « Ici, on rencontre des thèmes et des approches que l'on n'a pas l'habitude de voir au quotidien. La journée offre un espace pour rencontrer d'autres personnes avec des expériences différentes. Cela ouvre de nouvelles perspectives ».

Elles existent donc, les stratégies contre la résignation. Affaire à suivre.‍

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Texte : Gaby Allheilig, Centre for Development and Environment (CDE), Université de Berne.
Photos : Nicola Hasler, Haute école spécialisée bernoise (BFH).
Vidéo : Reto Steffen‍